Les petits livres : Une histoire

dimanche 6 mai 2012

Ou Comment une circonscription s’est emparée des petits livres lyonnais.

En octobre 2007, les petits livres arrivent à mon domicile. Un exemplaire des « ateliers philo » est imprimé, plié sous mes yeux. Fébrile, je parcours le site des Éditions Célestines, je m’exerce au pliage J’ai le coup de cœur pour l’idée, je suis convaincue qu’il faut soutenir l’école Garcia Lorca mais je ne sais pas ce que je vais en faire sur ma circonscription, une circonscription du 12é arrondissement à Paris, (la 12b nation) sur laquelle je viens d’arriver et que je ne connais pas encore très bien.

Origine des petits livres

« Les Éditions Célestines » ou Des romans d’école font école et sens…

Novembre 2001. Un premier petit livre est présenté à l’école García Lorca de Vaulx-en-Velin. Il est entièrement rédigé sur une feuille de format A4 (21/29,7 cm) astucieusement pliée puis incisée en son centre… et comporte six pages, une couverture et une quatrième de couverture…

Novembre 2007. Trois enseignants de l’équipe pédagogique et deux élèves sont au salon de l’éducation, Porte de Versailles à Paris. Ils assistent à la remise des prix de l’innovation éducative et sont venus chercher le leur, à l’invitation de La ligue de l’Enseignement, soutenus par la Ville de Vaulx-en-Velin. En effet, le jury, présidé par Philippe Meirieu, a reconnu l’important travail réalisé, l’investissement des profs et bien sûr des élèves, les avis reconnaissants des parents d’élèves, des responsables de la bibliothèque municipale qui ont mis en place un présentoir spécial pour ces productions, des adolescents partis étudier au collège…

C’est qu’il s’en est passé des choses en six ans !

Toutes les classes de l’école, y compris la classe d’intégration scolaire, se sont organisées pour créer et faire vivre une maison d’édition coopérative. Elle s’appelle désormais « les Éditions Célestines ». Elle a son site avec toutes les informations, les présentations, les invitations à écrire pour être publié et lu

Au début, les enseignants ont présenté la technique de pliage d’un petit livre… Les premiers sont manuscrits car l’école ne disposait pas des logiciels de traitement de texte et de mise en page qui permettent maintenant de créer des livres en utilisant les techniques modernes et de les imprimer plus facilement.

Les élèves ont tout de suite voulu écrire selon le modèle présenté. Repartir à la maison avec un petit livre, le présenter à la famille et en parler tous ensemble était vraiment motivant. Les livres se sont succédés, toujours plus nombreux et variés. À tel point qu’il a été décidé de créer un comité d’édition pour choisir les ouvrages qui seront publiés et aussi dans quelle collection ils devront l’être (roman, album, documentaire, poésie…). Ensuite, pour pouvoir retenir les ouvrages publiables, pour conseillers aussi les auteurs qui le souhaitaient et les aider à retravailler leurs textes, des critères répondant à des indicateurs objectifs, identifiables et connus de tous ont été élaborés par les membres du comité d’édition.

L’apprentissage comme fil conducteur

Ne nous y trompons pas, si les élèves auxquels les enseignants ont présenté ce modèle pour créer leurs petits livres ont répondu avec entrain, se sont motivés pour écrire, cela n’a pas, d’un coup de baguette magique, ôter la nécessité des apprentissages, ni celle de l’enseignement. Il ne suffit pas de vouloir écrire pour savoir écrire ou, employant une formule déjà utilisée par d’autres, dans un autre contexte : les apprentissages, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique !

Les textes officiels sont clairs : À l’école primaire, l’enseignement de la grammaire vise à donner aux élèves une maîtrise plus assurée de la langue française qui contribue à faciliter l’écriture et la compréhension des textes complexes. Mais il a aussi pour objet de développer la curiosité des élèves sur la langue en les amenant à examiner des écrits comme des objets que l’on peut décrire, à prendre conscience que la langue constitue un système qui peut s’analyser1. Disons alors que le projet proposé par cette équipe pédagogique fut un fabuleux moyen pour mobiliser les énergies des élèves, afin qu’ils comprennent ce qu’ils apprenaient à l’école. Ils ont aussi compris que tout cela pouvait leur être utile à devenir de meilleurs élèves, à devenir meilleurs qu’eux-mêmes, certainement, mais surtout à devenir, comme le pédagogue Pestalozzi nous y invitait, « œuvre de soi-même ».

Les petits livres représentent aussi un moyen de travailler de nombreuses disciplines inscrites au programme de l’école primaire qui dépasse largement les apprentissages liés à la seule écriture de « textes libres », à leurs corrections et au traitement de l’ensemble des questions ayant trait à la maîtrise de la langue qui en découle. Ils dépassent aussi les apprentissages permettant de développer des compétences inscrites dans le B2i. Les petits livres mobilisent des élèves motivé/e/s pour apprendre et comprendre dans bon nombre des disciplines inscrites au programme officiel de l’école primaire.

La participation de la bibliothèque municipale

C’est en 2005 que la bibliothèque municipale spécialisée dans la littérature de jeunesse accepte de participer au projet en achetant des collections de petits livres, mis à disposition des lecteurs de la commune. La directrice interrogée dit tout l’intérêt des familles qui découvrent les petits livres rédigés par les enfants. Les grands frères et les grandes sœurs lisent aux plus jeunes, les auteurs sont fiers de retrouver leurs œuvres exposées sur les rayons de la bibliothèque et prêtées à tous les visiteurs et lecteurs. La production s’en trouve stimulée…

Une activité d’écriture à développer dans d’autres classes

Bruce Demaugé-Bost, l’un des membres de cette équipe, a développé le site des petits livres, alimenté par des exemplaires imprimables et toutes les informations techniques qui permettent de fabriquer les ouvrages. L’équipe pédagogique vient de créer la maison d’édition coopérative, « les Éditions Célestines », qui ne demande qu’à recevoir vos projets. Nous réfléchissons à la mise en place d’un évènement littéraire qui permettrait aux élèves, constitués en comité de promotion des petits livres, d’en repérer quelques uns pour les faire connaître… Maurice Charrier, maire de Vaulx-en-Velin soutient le projet : « c’est précisément à travers des initiatives qui mettent en lumière l’esprit critique, la créativité de chacune et de chacun, dans un souci de cohésion du groupe que nous cultiverons le droit à la différence et le droit à la ressemblance pour préserver le vivre ensemble…/… Nous souhaitons que ce projet s’inscrive dans la durée. Aussi je lance l’idée de la création d’un prix littéraire, national et annuel que la ville de Vaulx-en-Velin soutiendrait ».

Du monde de l’écriture à l’écriture du monde…

Sur le site, véritable vitrine des écrits scolaires, des écrits d’élèves, Chacun visiteur peut constater combien un outil pédagogique est capable de faire la différence et favoriser ainsi la mobilisation des élèves dans l’accès au savoir, dans l’accès à la connaissance. Il est un exemple, quasiment une preuve, qu’à certaines conditions, l’envie de savoir (manipuler la langue française, la lire et l’écrire) rejoint l’envie d’apprendre… Et beaucoup d’enseignants savent que ces deux envie- là (savoir et apprendre) ne sont pas souvent amies et complices. On découvre au fil des petits livres que les élèves, entrés dans monde l’écrit et par là, participent, à leur manière, à l’écriture du monde.

Et mieux encore, à coté des petits livres écrits par des élèves, sont publiés des livres envoyés par des adultes qui ont osé prendre la plume ou le clavier. La collection le remplaçant, dans laquelle on retrouve les aventures pédagogiques de Fred, propose déjà 34 livres. La toute nouvelle collection lectures offertes, pour le plaisir, est née grâce à un coquillage dans un musée. Une très belle histoire de Georgia Maklhouf. D’autres auteurs francophones ont accepté d’envoyer des histoires à offrir que Bruce, sans relâche, met en forme et transforme en petits livres. Mais avant tout, les Éditions Celestines sont bien une maison d’édition de littérature de jeunesse dont les ouvrages sont rédigés par des jeunes, enfants et adolescents. Cette maison d’édition autorise des auteurs adultes à publier des petits livres, qu’elle en soit ici remerciée.

Dominique Sénore Membre du jury du prix de l’innovation éducative

Les petits livres et la 12b nation

J’avais dit « coup de cœur », mais comment trouver l’occasion ? À cette même période, l’Inspecteur d’Académie me confie la mission « Santé et apprentissages ». Avant de la lancer, il me semble que je dois tenter quelque chose sur le XIIè de Paris. Les directeurs ont eu l’habitude de groupes de travail les années précédentes et je propose une réflexion sur ce qu’est une école en bonne santé. C’est le démarrage de ma réflexion pour le pilotage académique, c’est aussi le début des petits livres sur le XIIè. Ils sont présentés en réunion directeurs et dans le groupe de réflexion sur l’école maternelle où je lance des pistes : la journée à l’école maternelle, l’évolution du bonhomme.

Une école en bonne santé

J’ai fourni une trame de réflexion à partir de la définition de la bonne santé : physique, mentale, cognitive et relationnelle. Les directeurs font réfléchir leurs équipes, un petit groupe rédige en ayant en tête le format. Une fois le texte abouti, c’est Bruce Demaugé des Éditions Célestines qui le met en forme : proposition, correction, nouvelle proposition et il le publie dans la série « livres offerts ».

Je n’ai pas voulu toucher au contenu, mais celui-ci ne correspond pas à ma conception de l’école. Je m’atèle à la tâche, j’écris un brouillon, discussion avec les conseillères, révision et nous proposons « une école en bonne santé », vue par l’équipe de circonscription. La démarche est la même que pour le précédent. Les deux exemplaires sont diffusés dans toutes les écoles, un lien établi avec le site des Éditions Célestines et une rubrique « petits livres » est créé sur le site de la 12B.

« Une école en bonne santé »

l ’école à laquelle nous croyons est :

« Une école porteuse d’humanité, qui émancipe. où chacun est pris en considération dans son rôle et sa fonction Une école ouverte sur le monde Qui rassure et qui protège Dans laquelle les adultes travaillent en équipe, Une école où l’on développe le plaisir d’apprendre ensemble, tout en privilégiant la pensée et la réflexion Où l’on reconnaît le droit à l’erreur. Où l’on ose dire ses difficultés sans crainte d’être jugé Où l’on sera aidé pour les surmonter. Une école dans laquelle on développe confiance et l’estime de soi. Qui donne place à l’expression des sentiments et des émotions tout en contrôlant ses pulsions. Une école où l’on apprend le doute et l’esprit critique, Où l’on forme une communauté d’enfants chercheurs.

(Texte sans la mise en forme petit livre, publié dans la série « livres offerts », des éditions Célestines)

Un enseignant de Grande Section se saisit et des « petits livres » et de la question de la santé et ce sont trois ouvrages extraordinaires qui sont publiés et l’école maternelle Netter, à son tour, est mise en lien avec Lyon. C’est la première étape.

Les premières aventures de Fred le remplaçant sur le XIIè

J’avais été intéressée par les deux tomes des ateliers philo et l’idée, de parler pédagogie par le biais d’un récit, très simple, accessible à tous m’avait séduite et l’occasion s’est trouvée. (voir http//petitslivres.free.fr : les aventures de Fred le remplaçant) Une réunion au CAPP (Centre d’adaptation psycho-pédagogique géré par la direction de l’action sanitaire et sociale de Paris), sur le graphisme est venue compléter une conférence à l’Iufm. Comment rendre compte de façon efficace ? Un petit livre !

GRAPHISME/ECRITURE

Après son remplacement en CM1/CM2, au cours duquel les élèves avaient montré leur plaisir de dire « moi aussi je sais », Fred se retrouve un beau matin dans une école maternelle, en GS. Les petits, il ne connaît pas bien et il a peu de souvenirs de l’IUFM, d’ailleurs a-t-il vraiment eu des cours spécifiques à la maternelle ?

En regardant le classeur de la maîtresse, les cahiers des élèves, les murs de la classe, il voit des lignes partout, verticales, horizontales, des ponts, des pointillés sur lesquels il faut repasser, des lignes d’escargots à entourer. Comment ne pas se sentir en cage ! Comment ces petits vont-ils un jour découvrir le plaisir d’écrire ?

Il sait par ses lectures et ses voyages que dans de nombreux pays les enfants n’ont pas à couvrir des pages et des cahiers de lignes avant d’écrire. Deux semaines, c’est beaucoup et c’est peu, que faire ?

Autrefois pour son plaisir, il s’est exercé à la calligraphie et il a collectionné toutes sortes de plumes, pinceaux et calames. Dans la réserve de l’école, il a trouvé toutes sortes de papiers, de peintures et d’encres et puis il s’est rendu compte au cours de cette première journée que tous ses petits élèves connaissaient l’initiale de leur prénom. Il va pouvoir leur proposer de s’exercer à l’écrire. Mais il n’aura pas assez de matériel !

Voilà le moment d’ouvrir sa malle aux trésors de voyages et ses albums photos. Il pense à sa collection de photos de grilles de balcon, chacun différant de l’autre par son tracé, ses courbes… Et le lendemain, au moment de l’accueil, trône une malle, un peu écornée par les voyages, qui laisse dépasser un tissu africain, un journal en langue arabe, des plumes d’oie. Quelques parents, aussi intrigués que les enfants, interrogent le maître. Mais oui ! Il n’y avait pas pensé, sa banque d’écritures, peut être enrichie par les parents qui tout à coup proposent leurs propres trésors.

Les deux semaines ont très vite passé, la classe est devenue une vraie ruche. Les enfants ont observé, décrit, questionné, comparé. Ils se sont essayés sur divers papiers et tissus. Ils ont aussi écouté leur maître lire et raconter des contes des pays lointains. Ils auraient bien voulu eux aussi écrire un conte, mais le temps a manqué. Ils attendent impatiemment le retour de leur maîtresse pour dire « moi aussi je sais » et écrire avec elle, l’histoire qu’ils ont envie d’inventer.

Fred repart content, il s’est enrichi et n’a plus peur de se voir proposer des remplacements à la maternelle, bien au contraire. (Texte sans la mise en forme petit livre)

Une animation pédagogique de deux fois trois heures séparées de plusieurs semaines sur la compréhension en lecture, me donne matière à un nouveau « petit livre » : « Questions de lecture » et, comme je cite Roland Goigoux, je lui adresse le texte au préalable et lui demande son autorisation, ce qui me permet lors de la deuxième séance d’initier aux petits livres et à leur pliage les trente stagiaires.

Questions de lecture

Fred, notre remplaçant est en train de déjeuner quand son portable sonne. Il doit rejoindre dès l’après-midi un CE2. C’est un niveau qu’il connaît mal et il n’a guère le temps de rentrer chez lui, il préfère consulter le cahier journal. Il constate que très régulièrement, le maître inscrit : lecture/compréhension. Ca l’intéresse, il regarde le classeur lecture d’un élève qui est justement sur le bureau. Où est donc la compréhension ? Il voit des textes, des questions corrigées en vert par l’élève, en rouge par le maître. Il n’a pas beaucoup de temps devant lui, mais fort de son expérience avec l’atelier philo, il se dit qu’il a un moyen de commencer son après-midi. Après s’être présenté comme de coutume, il explique aux élèves très étonnés, ce qu’est un atelier philo et comment il va le mettre en place. Après avoir organisé l’espace, il leur demande ? qu’est ce comprendre pour vous ? ?. Il note les regards perplexes, étonnés et puis les réponses viennent :   ? C’est répondre aux questions, avoir des bonnes notes, moi quand je comprends pas je demande au maître, comprendre, c’est deviner ce que le maître a écrit, c’est donner la bonne réponse... ? Oh là, là, se dit-il, je ne suis dans la classe que pour quelques heures et c’est tout le rapport au savoir de ces élèves qui est à faire évoluer. Comment faire ? Il n’a rien dans son sac, pas de baguette magique... Et bien, partons de ce qui existe dans la classe ! A la récréation il photocopie un texte avec les questions et les bonnes réponses qu’il a trouvé dans le cahier journal. Ricanements dans la classe, ah ! Tu t’es trompé ! On l’a déjà fait avec le maître et puis tu nous donnes les réponses. Y’a rien à faire ! Fred essaie de leur retourner le problème, qu’est-ce qu’on peut bien faire si on a les questions et les bonnes réponses ? Vérifier qu’il n’y a pas de faute d’orthographe ! Mais non dit un autre, le maître I fait pas de fautes ! Et bien, on va essayer de trouver comment le maître a fait pour trouver les bonnes réponses. Evidemment, cela n’était pas la situation idéale, il lui aurait fallu, les bonnes réponses d’un élève, mais...Fred avait bien deviné, aussitôt quelques élèves s’exclament : oui, mais le maître, il sait ! Sans désarmer Fred essaie de leur faire comprendre que lui aussi est maître et qu’il ne sait pas comme ça. Il doit chercher lui aussi pour trouver les bonnes réponses et parfois c’est pas si facile. Un peu étonnés, les élèves acceptent de se mettre au travail et les surligneurs se mettent en action et ça discute beaucoup entre voisins parce que les réponses divergent. Le lendemain Fred content de l’expérience leur propose de classer les questions des plus faciles aux plus difficiles. Avant même de commencer ils disent ? Oh ! Les plus faciles, elles sont au début. ? Mais ce qui intéresse Fred c’est pourquoi elles sont plus faciles ou plus difficiles. Cette fois les élèves sont enthousiastes, on ne voit pas le temps passer. Soudain, il se souvient d’un cours à l’IUFM, on avait présenté les recherches d’un certain Goigoux, il se dit qu’il est vraiment temps de le lire. (Texte sans la mise en forme petit livre)

Une intervention sur le stage de formation initiale des nouveaux directeurs, trois heures sur « diriger une école », me donne la matière pour les deux tomes de « Directeurs d’école ».

Directeur d’école

Ce lundi matin, Fred était prêt à rejoindre son école de rattachement, aucun remplacement n’était prévu, quand soudain, il reçoit un appel gêné de la secrétaire : ?on a besoin d’un remplaçant pendant trois semaines pour un directeur ! ? Il s’étonne, d’ordinaire, c’est un enseignant de l’école qui fait fonction ! Et oui, mais hélas, personne n’a été volontaire. Fred hésite, c’est un vrai métier, il n’y connaît rien, mais, comme toute expérience est bonne à prendre, que trois semaines sans élèves ça peut être reposant, et puis il a été directeur de centre aéré, pas longtemps, mais... ses dernières hésitations s’envolent quand on lui dit qu’il recevra l’aide de l’équipe de circonscription s’il en a besoin. Il se rend donc immédiatement sur la nouvelle école, les élèves viennent de rentrer en classe, il est accueilli par le gardien qui l’accompagne dans ?son ?bureau . Par où commencer ? Il voit bien une pile de dossiers, un téléphone qui clignote, mais il préfère d’abord se présenter, il aura ainsi une idée de cette école dans laquelle il n’a jamais fait de remplacement. Il passe donc dans toutes les classes, saluer les élèves et les enseignants et propose à ces derniers une courte réunion en salle des maîtres sur le temps de récréation. Ce premier ?tour d’école ? l’étonne, d’ordinaire quand il remplace un maître, il n’a pas l’occasion de pénétrer dans toutes les classes. Quelle diversité ? Dans certaines les élèves se lèvent, dans d’autres, il entrevoit des petits papiers qui s’échangent, et puis là les tables sont bien alignées alors qu’ailleurs elles sont en U ou en groupes. Il reste très peu mais il a le temps de sentir, ici de l’enthousiasme au travail, là de l’ennui. Bien sûr, cette diversité, il la connaissait, mais il n’avait jamais été saisi par autant de contrastes. Comment faire une équipe avec tout ça ? Il a à peine le temps d’écouter les messages enregistrés sur le répondeur que la récréation arrive, pas le temps de préparer sa réunion. Que va-t-il pouvoir leur raconter ? Il se rend vite compte que tous ne sont pas là, bien sûr il y a ceux qui surveillent la récréation, mais tout de même ! Certains arrivent tardivement l’air assez peu intéressés. Une fois que tous sont installés, il leur dit : ?Voilà, j’ai besoin de vous. Je vais me débrouiller sur le plan administratif avec l’aide la circonscription, il y a l’ordinateur les dossiers, mais ce n’est pas le tout. Samedi est banalisé, votre directeur n’a pas prévu d’ordre du jour pour la concertation, alors j’attends pour demain soir vos suggestions d’ordre du jour . Merci ?. A peine terminé que la cloche sonne. Les collègues n’en croient ni leurs yeux, ni leurs oreilles !

Fin du tome I

.....La semaine de Fred a très vite passé, les journées sont longues, il ne pense plus du tout que c’est reposant de ne pas avoir d’élèves. Il ne sait pas toujours où donner de la tête : répondre aux appels des parents, de la caisse des écoles, tenter de résoudre les problèmes matériels, essayer de renseigner les dossiers envoyés par l’inspection et par la mairie, consulter la messagerie électronique qui se remplit aussi vite qu’il l’a vidée, entendre les élèves qui se sont querellés à la récréation., où sont les priorités ?... Le vendredi soir est bien vite arrivé, il est fatigué, déçu par le petit nombre de propositions qui sont parvenues sur son bureau, et ce sont plutôt des questions sur des dysfonctionnements matériels, des manuels insuffisants, des toilettes qui fuient ou encore à des familles qui ne respectent pas les horaires. Il n’a pas eu le temps de consulter, les collègues, pendant les récréations, il travaille. Que faire ? Il va enfin prendre le temps de lire le projet d’école, voilà de quoi occuper sa soirée. Cette lecture est très instructive, l’état des lieux ne semble pas pris en compte dans le choix des objectifs, les actions ne concernent que quelques enseignants, il n’y a pas d’évaluation prévue. Il comprend mieux le refus de prise en charge de l’intérim par les enseignants, dans cette école il n’y a pas d’équipe, sa première impression était juste, et ce n’est pas lui qui va pouvoir faire évoluer cette situation en deux semaines. Il aimerait bien tout de même faire germer quelque chose, donner envie. Sur quoi s’appuyer ? Il a bien vu des élèves qui s’ennuient, d’autres dont on se débarrasse en les envoyant dans son bureau. Il sent le malaise des enseignants ! Une idée commence à germer, c’est ainsi que le samedi matin, il arrive très tôt à l’école. Il aménage la salle des maîtres pour la rendre plus conviviale, il trouve dans la réserve un paper board, des feutres, enfin il prépare le café pour accueillir au mieux ses collègues. Il sent bien l’étonnement des premiers arrivant et repère bien les mêmes absences qu’en début de semaine, mais il préfère ne pas faire de commentaires. Après s’être excusé pour l’absence d’ordre du jour - il a été débordé, n’a pas reçu de questions qui méritent trois heures de concertation - il leur explique qu’il a lu avec beaucoup d’intérêt le projet d’école et que, après mûre réflexion il leur propose de réfléchir à " Comment mieux vivre ensemble à l’école maîtres et élèves ? ?. Et comme il se souvient un peu de la formation qu’il a reçue avant d’être directeur de centre de loisirs, il ajoute,  ?pour que nous soyons plus efficaces, je vous propose qu’on dise d’abord, tout ce qui ne va pas, on se donne une heure, et ensuite on essaie de trouver des solutions.Qui veut bien prendre les notes sur le tableau, moi je ferai en sorte qu’on ne parte pas dans tous les sens et je surveillerai, l’heure. On se donne un quart d’heure pour prendre le café et ensuite on commence ?. Suit un mouvement de chaises, quelques murmures, un collègue se désigne pour prendre des notes, un autre commence à servir le café. Ce n’est pas gagné se dit-il, mais le premier pas est fait.

Fin du tome II

Le forum de circonscription de mai 2008

Deux panneaux sont réalisés. Un avec les « petits livres de la circonscription », un autre sur les Éditions Célestines, son origine, ses projets, les techniques utilisées. Je suis installée dans le hall, avec accès au site des Éditions Célestines, des feuilles de format A4 avec un petit livre imprimé. C’est une cinquantaine de feuilles que je plie « pour faire voir ». En parallèle l’enseignant de Grande Section présente sur une table et dans un panneau son travail. À l’étage, une directrice de maternelle crée l’intérêt en fabriquant de la pâte à papier, la « recette » est présentée sur un « petit livre » et, comble du chic, elle donne un marque page en pâte à papier.

J’apprends au cours de ce forum que quelques enseignants ont commencé à faire, mais qu’ils donnent aux élèves sans garder trace de leur travail.

Ce premier forum, et toutes les occasions trouvées, avec les directeurs, avec les enseignants en animation forment le premier temps d’impulsion pour ce projet.

Gourmantice, une nouvelle étape

Durant l’année scolaire 2007-2008, un projet d’écriture pour le cycle III a été conduit par la CPC (Conseillère pédagogique) et la FIP (Formatrice en informatique pédagogique). Il s’agissait d’un feuilleton relais auquel plusieurs classes et plusieurs écoles ont participé, soit pour l’écriture des épisodes, soit pour les illustrations, ou la documentation scientifique : une aventure policière chez les insectes. Ce projet avait abouti à un document de grande qualité, mis en ligne sur le site de la circonscription mais aussi à un CD Rom.

À la rentrée de 2008, les deux conseillères ont pensé qu’il fallait étendre le projet d’écriture aux deux autres cycles. Comment développer le goût de l’écriture et l’utilisation des TICE, TUIC aujourd’hui ? (Techniques usuelles d’information et de communication) Tout en pensant à l’éducation à la santé ! C’est ainsi qu’est né « Gourmantice », projet conduit sur deux circonscriptions du XI è et du XII è et qui a donné naissance à une nouvelle série de petits livres : le gâteau au yaourt, la tarte aux pommes, les fruits…

Gourmantice est un projet regroupant quelques classes de maternelles et des CP des circonscriptions 12b-Nation et 11a-Voltaire, conduit par deux Conseillers Pédagogiques et deux Formateurs en Informatique Pédagogique. L’objectif principal est d’utiliser les Tice à partir des recettes qui sont élaborées dans les écoles. Les enseignants travailleront à la fois la maîtrise de la langue, la littérature de jeunesse, l’éducation à la santé, les comptines et les chants.
Les classes ont la liberté de mettre en forme leurs travaux comme elles le souhaitent (photos, diaporamas, vidéos, traitement de texte, enregistrement sonores, etc.). 
Ces productions et les fiches pédagogiques associées seront mises en ligne sur ce site au fur et à mesure.   Voila un exemple de projet qui peut s’inscrire dans une éducation à la santé, à dévorer avec les cinq sens, sans modération !

Petits livres déjà produits La digestion - Travail de la maternelle Hillairet Les fruits Les fruits vus par la moyenne section de la maternelle Hillairet le gateau marbré de l’école duranti La tarte aux pommes de l’école maternelle d’Artagnan Le gâteau au yaourt

Les petits livres, Fred et les animations pédagogiques

Trois animations pédagogiques, durant cette année scolaire ont donné l’occasion de présenter les petits livres, ou les aventures de Fred le remplaçant. Mais, pour l’une d’entre elle, c’est le petit livre qui a suscité, l’envie ou plutôt le besoin de la mettre en place, il s’agit du graphisme. D’ailleurs, heureusement que le petit livre était là, un problème technique n’ayant pas permis d’entendre l’ensemble de la conférence présentée à l’IUFM l’année précédente, le petit livre a permis de donner une trace très concrète de certains éléments de son contenu et c’est à nouveau vingt personnes avec lesquelles les techniques, dont celle de pliage ont été vues ou revues.

Le groupe de réflexion sur les ateliers philo est plus restreint. Dix personnes ont reçu les deux tomes écrits par Dominique Sénore et ont pu aussi bénéficier, lors de la dernière séance, de petits livres écrits par un enseignant de CM2 d’Évian, sur « Être libre », « Être heureux, », « Être une grande personne ». Les petits livres avaient fait du chemin, adressés à la nouvelle inspectrice d’Évian, une amie, elle les avait présentés elle aussi en animation pédagogique.

Cette même inspectrice, auparavant directrice d’école maternelle d’application, m’avait fait découvrir les cahiers de réussite que nous avions pu développer sur plusieurs écoles maternelles. Elle avait d’ailleurs accepté de venir présenter son livre, (Construire des projets pour la réussite des élèves, à l’école maternelle- SCEREN- C.Lefebvre) un samedi matin de la précédente année scolaire, au groupe de réflexion maternelle. Je ne pouvais pas moins que mettre en place une animation « groupe de réflexion » sur le thème : « de l’évaluation des compétences aux cahiers de réussite » et c’est ainsi qu’est né le dernier petit Fred : « les cahiers de réussite ».

Chacun des petits Fred ou des deux livres offerts de la circonscription ont été mis en forme à Lyon. Le premier réalisé entièrement par la circonscription, texte et mise en page, œuvre collective de l’équipe de circonscription a été le petit livre des vœux en direction des écoles, des collègues inspecteurs ou même de l’Inspecteur d’Académie. Ne pas connaître les petits livres sur Paris relève de la cessité ! Je me suis fait un plaisir d’adresser ce message de vœux à l’école Garcia Lorca.

(extraits sans les illustrations)

L’équipe de circonscription vous adresse ses meilleurs voeux pour l’année 2009 !

Qu’elle soit riche En petits livres…

En ateliers scientifiques…

En ateliers philo, débats, conseils d’enfants…

Pour développer la pensée, l’estime de soi de vos élèves… … et garder votre dynamisme !

Circonscription 12B Nation



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